Les adeptes de musique électronique le savent bien : sitôt qu’un DJ pousse les basses, la foule s’emballe et répond en accentuant ses pas de danse. Mais dans quelle mesure cet effet est-il conscient ? Des chercheurs se sont penchés de plus près sur la relation entre basses fréquences et danse, grâce à une expérience grandeur nature lors d’un concert.

Les résultats, publiés lundi 7 novembre 2022 dans la revue scientifique Current Biology, montrent que les participants dansaient près de 12% de plus lorsque de très basses fréquences étaient diffusées, de manière imperceptible par les oreilles, en plus de la musique.

Le public « n’était pas conscient de ces changements, mais ceux-ci guidaient pourtant ses mouvements », a résumé à l’AFP David Cameron, neuroscientifique et auteur principal de l’étude. Ces résultats confirment ainsi la « relation spéciale » entre basses et danse, surtout observée jusqu’ici de façon anecdotique.

Lors de fêtes, « les gens ont tendance à monter les basses », a relevé le chercheur à l’université McMaster au Canada, lui-même batteur. Et à travers toutes les cultures, ce sont la plupart du temps « les instruments à basse fréquence, comme la guitare basse ou la batterie, qui donnent la pulsation de la musique ». « Mais ce qu’on ne savait pas, c’était : peut-on vraiment faire danser plus avec des basses ? », a-t-il expliqué.

L’expérience s’est déroulée pendant un concert

L’expérience, menée au Canada, a eu lieu au LIVElab, un bâtiment servant à la fois de salle de concert et de laboratoire de recherche.

Une soixantaine de personnes — sur les quelque 130 venues assister au concert du duo de musique électronique Orphx — ont accepté de porter sur leur tête un bandeau équipé d’un capteur, enregistrant leurs mouvements en temps réel.

Puis, durant le concert, les chercheurs ont allumé et éteint par intermittence des haut-parleurs spéciaux à très basse fréquence.

Les scientifiques ont vérifié — à l’aide d’un questionnaire rempli par les participants après le concert et d’une expérience séparée — que ces fréquences étaient bien inaudibles. Une telle méthode a permis d’isoler l’effet des basses, en l’empêchant d’être perturbé par des facteurs autres, comme le fait de connaître ou non le morceau joué.

Une intuitive envie de danser

Selon David Cameron, deux hypothèses peuvent expliquer que les basses nous fassent tant danser. Elles pourraient d’une part stimuler la peau, mais aussi l’oreille interne.

Or la connexion entre ces systèmes et le système moteur, à l’origine des mouvements, est très étroite. Surtout, elle est intuitive, car elle ne passe pas par le lobe frontal du cerveau.

Cette stimulation pourrait ainsi donner « un peu d’élan au système moteur et ajouter un peu d’énergie et de vigueur aux mouvements », a avancé le chercheur, qui souhaite vérifier cette hypothèse lors de futures expériences.